Friday, April 20, 2007

Lacordaire: Conferences

In one of the last posts I put up from Lacordaire, he spoke of "act" and "life" being one and the same thing. I'll admit I did not follow it exactly, so I asked Staffan Humlebo, who is the chairman of a college Philosophy Department in Sweeden, if he could expand on it a bit for me. Staffan generously replied:

Hi Mark, thank you for making me go into a close reading of Lacordaire, although I hardly should do that now in midtearm grading time.

I first noticed that Lacordaire in the first chapter has

"nous avons prouvé la divinité de la doctrine
catholique en deux manières "

where you have

"We have proved the divinity of Christian doctrine in a two-fold manner"

choosing Christian instead of Catholic. (Staffan picks up on 1860s PC??)

Then as to his nice thinking about being and acting. As I read (found the text on gallica.bnf.fr) him he first finds a mystical force, common and permanent to all beings, whatever their form or degree of perfection. This force "we call" activity. Even intertia is an activity. This force is a formgiving activity, resisting influences, keeping the individual life-form intact. Even a grain of sand is active with this force. Whithout this force in activity forms would nihilate and go into nothingness (which is not the heideggerian nice form of nothingness).

Then he makes a rather cartesian identification of this activity and being itself. Descartes makes it when he says that the activity "I think" actually is my soul. Others separates being as substance from acts as something contingent. But Lacordaire has the very force of activity to constitute being. It's dynamic being so to speak. And it points to the later Blondel who centers on L'activité and somewhat away from St Thomas whose act is pure act, which is probably not what L has in mind, although he cites T.

This is very interesting.

To live is to act L says, he is really coming on strong there. Of course some acts are more free than other in the universe, and then he refers to aristotelian gradations of life. But, he emphazises: it is one and the same force/being/action.

Then he goes into what limitations are. Each life-forms own will is one. Other wills or force to invade me are other limitations. Every form has a set limitation. He seems also to include personal intelligence and talents into these limitations of activity (leurs facultés). No one can transgress those given limits.

After the latin quote about not going outside of you orbis, he comes to the infinite activity of God. While all living forms have limits, God does not. God is infinite force and infinite activity. He finds a law here: just as the acts of a limited form of life is equal to his own activity limit, we find in God an infinite action. An infinite act constitutes in God the very life of God. L seems to say that this we know for sure about the life of God.

The L comes to the question What is an action? L says, and it's a little obscure:

"La nature et l' humanité ne se composent que d' un tissu d' actions ;"

Hmmm.... "Nature and humanity is merely one fabric of actions"

And he goes on to say that from birth to death all we do is act. Then he really sings the praise of "movement" apparently as a synonym for activity.

But now I have to go to bed Mark. Hope my rambling gave something! // Staffan
(They did, thank you!)

Here are Lacordaire's words:

Or, en tous, quels que soient leur
nom, leur forme, leur degré de perfection ou
d' infériorité, nous découvrons une force
mystérieuse qui est le principe de leur
subsistance et de leur organisation, et que
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nous appelons l' activité. Tout être, même le plus
inerte en apparence, est une activité ; il se
condense en lui-même, il résiste aux efforts
étrangers, il attire et s' incorpore des
élémens qui lui obéissent.

Un grain de sable
est en lutte et en harmonie avec l' univers
entier, et il se conserve par cette force qui est
le fond même de son être, et sans quoi il
s' abîmerait dans l' incapacité absolue du néant.

L' activité étant le caractère permanent et
commun de tout ce qui est, il s' ensuit que
l' être et l' activité sont une seule et même
chose, et que nous avons le droit de poser
cette définition : l' être est l' activité.

Saint Thomas D' Aquin nous en a donné l' exemple,
lorsque ayant à définir Dieu, qui est l' être
dans sa réalité totale, il a dit : Dieu est
un acte pur .

Mais l' activité entraîne l' action, et l' action
c' est la vie. La vie est à l' être ce que l' action
est à l' activité. Vivre, c' est agir.

Il est vrai
que l' action spontanée, et surtout libre,
étant l' action parfaite, on marque
ordinairement la naissance ou l' apparition de la
vie là où se manifeste ce genre d' action. Ainsi
l' on dit que la pierre est, que la plante
végète, que l' animal vit ; mais ces différentes
expressions ne signalent que les gradations
de l' activité dont la présence, si faible qu' elle
soit, constitue partout l' être vivant.

Nous savons ce que c' est que la vie. Faisons un
pas de plus, cherchons-en les lois générales,
et appliquons-les à Dieu.
La première loi générale de la vie est
celle-ci : l' action d' un être est égale à
son activité . En effet, l' action
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d' un être ne saurait être limitée que par une
force étrangère ou par sa propre volonté. Or,
une force étrangère ne l' arrête qu' au degré où
il manque lui-même d' énergie, et quant à sa
volonté propre, s' il en est doué, elle le porte
nécessairement jusqu' où il peut atteindre par
sa nature.

Une action supérieure à son
activité lui est impossible ; une action
inférieure ne lui suffit pas ; une action égale à
son activité est la seule qui le mette d' accord
avec lui-même et avec le reste de l' univers.
Aussi, messieurs, soit que vous considériez
le mouvement général des mondes ou la tendance
de chaque être en particulier, vous les verrez
tous agir selon la quantité de leurs forces, et
ne mettre de bornes à leur ambition, que parce
qu' il en existe à leurs facultés.

Tous,
l' homme compris, vont jusqu' où ils peuvent ;
tous, parvenus au terme qui les épuise et les
arrête, écrivent comme le poète en
accusant leur impuissance avec orgueil :
sistimus tandem nobis ubi defuit orbis.

Cette première loi générale connue, je conclurai
déjà quelque chose touchant la vie de Dieu ;
car l' action d' un être étant égale à son
activité, et Dieu étant l' activité infinie, il
s' ensuit qu' il y a en Dieu une action
infinie ou, pour parler plus clairement encore,
qu' une action infinie constitue en Dieu la vie
même de Dieu.

Mais qu' est-ce qu' une action ? La
nature et l' humanité ne se composent que d' un
tissu d' actions ;
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nous ne faisons pas autre chose depuis l' instant de
notre naissance jusqu' à celui de notre mort : et
pourtant savez-vous bien ce que c' est qu' une
action ?

Avez-vous jamais médité sur le sens de ce
mot, qui renferme à lui seul tout ce qui se passe
au ciel et sur la terre ? L' action est un
mouvement ; il nous est impossible d' en concevoir
la nature sous une forme plus claire et plus
générale.

Le corps se meut quand il agit, la
pensée se meut quand elle travaille, le coeur
se meut quand il conçoit des affections ; de
quelque part que vienne l' acte, la langue n' a
qu' un terme pour l' exprimer, et l' entendement
qu' une idée pour se le représenter.

Tout est en mouvement dans l' univers parce que tout y est
action, et tout y est action parce que depuis
l' atôme jusqu' à l' astre, depuis la poussière
jusqu' à l' esprit, tout y est activité. Mais le
mouvement suppose un but, un terme où l' être
aspire. Je m' agite, je cours, j' expose ma vie :
pourquoi ? Qu' est-ce que je veux ?
Apparemment je cherche quelque chose qui
me manque et dont j' ai besoin : car si rien ne me
manquait, mon mouvement n' aurait pas de cause, le
repos serait mon état naturel, l' immobilité
mon bonheur. Puisque je me meus, c' est pour
faire ; faire est à la fois le motif et le terme
du mouvement, et par conséquent l' action est un
mouvement producteur.
Ne vous lassez pas de me suivre, messieurs ; il
est vrai, je vous emporte par des voies dont
peut-être vous n' entrevoyez pas encore l' issue ;
vous êtes passagers sur le vaisseau de
Colomb, vous cherchez en vain l' étoile
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qui vous annonce le port ; mais prenez courage,
tout à l' heure vous crierez : terre ! Nous y
touchons.
L' action est un mouvement producteur, je viens de
le démontrer, et comme l' action est la
conséquence de l' activité, il s' en suit que la
production est la fin dernière de l' activité,
c' est-à-dire de l' être, puisque l' être et
l' activité sont une seule et même chose. Mais
dans quelle proportion l' être produira-t-il ?
évidemment dans la proportion de son activité,
puisque, selon la première loi générale de la
vie, l' action d' un être est égale à son
activité. Ainsi vivre, c' est agir ; agir, c' est
produire ; produire, c' est tirer de soi
quelque chose d' égal à soi. Sans doute on peut
concevoir une production inférieure à l' être
d' où elle émane ; mais cette production, si elle a
lieu, ne sera pas l' acte principal de la vie, elle
n' en sera que l' accessoire et l' accident. Tout
être tend à produire dans la plénitude de ses
facultés, parce qu' il tend à vivre de la
plénitude de sa vie, et il n' atteint ce terme
naturel de son ambition qu' en tirant de lui
quelque chose d' égal à lui-même. Il est aisé
de le constater par l' observation, après l' avoir
établi par le raisonnement. En quoi consiste,
par exemple, le douloureux travail de l' artiste ?
L' artiste a eu dans son âme une vision du vrai
et du beau ; l' horizon s' est déchiré sous son
regard, et il a saisi dans le lointain lumineux
de l' infini une idée qui est devenue la sienne
et qui le tourmente jour et nuit. Que
veut-il et qu' est-ce qui le trouble ? Il
veut rendre ce qu' il a vu ou entendu ; il veut
qu' une
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toile, qu' une pierre ou qu' une parole exprime sa
pensée comme elle est en lui, avec la même
clarté, la même force, la même poésie, la
même accentuation. Tant qu' il n' obtient pas
cette bienheureuse égalité entre sa conception
et son style, il est sous le poids d' un
malheur qui le désespère ; car il reste
au-dessous de lui-même, et il pleure en larmes
ardentes l' inefficacité de son génie, qui lui
paraît comme une insulte et une mort. celui à
qui il a été donné davantage, dit
l' évangile, on lui demandera davantage . Telle
est la loi de la production aussi bien dans
l' ordre de la nature et de l' art que dans
l' ordre de la vertu.
Mais, messieurs, pour que la vie produise quelque
chose d' égal à elle-même, il faut qu' elle produise la
vie ; pour que l' être vivant produise quelque
chose d' égal à lui-même, il faut qu' il produise
son semblable, ou, en d' autres termes, qu' il
soit fécond. La fécondité est le terme extrême
et complet de la production, qui est elle-même
le terme nécessaire de l' activité. Nous
arrivons de la sorte à connaître et à poser
cette seconde loi générale de la vie :
l' activité d' un être se résume dans sa
fécondité .
Ici, messieurs, le spectacle des choses parle si
haut, qu' il est presque inutile de l' invoquer.
Quel est dans la nature l' être vil et
déshérité qui n' ait reçu de Dieu la grâce de
produire son semblable, de se voir dans un
autre lui-même émané de lui ? La plante ne
cesse de semer dans la terre le germe qui la
multiplie ; l' arbre répand autour de lui et
confie aux vents du
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Staffan also adds:

The other day I thought about the "brownian movements", the irregular motion of coal dust particles observed on the surface of alcohol in 1785 but generally regarded as having been discovered by the botanist Robert Brown in 1827. It is believed that Brown was studying pollen particles floating in water under the microscope. He then observed minute particles within the vacuoles of the pollen grains executing a jittery motion. Einstein later went on to study them.

Could Lacordaire, inquisitive as he was, heard about this I wonder. His wonderful exhortation on the force of motion and activity really fits well for the Brownian motions.

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